Notre approche sécuritaire pour gérer les sites pollués est-elle toujours « durable » ? - Conférence Intersol 2023
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Notre approche sécuritaire pour gérer les sites pollués est-elle
toujours « durable » ?
C'est le sujet abordé par Amélie Saussereau et Julien Toutain lors de la conférence qu'ils ont animés lors du congrès Intersol 2023
A l’heure où notre société multiplie les réflexions et les actions en faveur de la protection de l’Environnement, en
considérant les enjeux et besoins à long terme, peut-on considérer que la gestion des sites et sols pollués s’inscrit
dans une démarche aussi vertueuse ?
En tant que professionnel, nous rencontrons quotidiennement des situations qui nous amènent à nous interroger.
Si les mécanismes ayant engendré ce constat sont probablement complexes, 2 éléments l’expliquent en partie :
Il n’existe pas en France de définition partagée de la notion de « Pollution ». De plus, cette notion est
régulièrement abusivement confrontée à la notion de « Dangerosité » qui est définie différemment selon
les référentiels sollicités (santé, déchets, …)
La méthodologie des sites et sols polluées a été construite il y a maintenant une trentaine d’années pour
répondre à des enjeux de gestion de passifs industriels alors que nous sommes aujourd’hui davantage
face à la gestion d’un passif « urbain » plus diffus et hétérogène. Appliquer les mêmes méthodes sur des
objets différents est-il adapté ?
Pour illustrer ce questionnement et ses conséquences, nous partagons avec vous une partie de notre retour
d’expérience.
L’approche de gestion de « Sites et Sols Pollués » est aujourd’hui basée sur la maîtrise des pollutions concentrées
et/ou des risques sanitaires. Dans le cas où l’une et/ou l’autre des thématiques est identifiée et avérée sur un site,
des mesures de gestion sont à mettre en œuvre.
Concernant la notion de « Dangerosité », l’application systématique d’une approche sécuritaire établie sur la base
de données présentant des incertitudes, ne conduit-elle pas à une surconsommation de ressources pour dépolluer
et/ou protéger ? Comment évaluer cet impact de façon absolue en l’absence de référentiel commun ? Ainsi, la
gestion du risque immédiat est-elle durablement compensée/efficace ? Cette question semble légitime au regard
par exemple de la fréquente préconisation du recouvrement simple de sols par des revêtements minéraux ou de la
terre végétale provenant de zones rurales (démarche de protection des ressources, limitation de l’extension
urbaine, ZAN, …). En outre, au-delà de la sollicitation de ces ressources non renouvelables, nous observons que
leur mise en œuvre pose question après usage sans prise de recul sur leur forme ou leurs caractéristiques
chimiques intrinsèques.
Concernant la méthodologie de gestion des sites et sols pollués, elle vise en premier lieu à la gestion des pollutions
concentrées. Or, dans un contexte urbain plus diffus et aux sources potentielles de pollution moins identifiables
que dans un contexte industriel, les incertitudes liées à la caractérisation ponctuelle des sols (hétérogénéité des
sols, ponctualité des échantillons/des analyses) permettent-elles de statuer sur une « qualité représentative » au
regard des seules analyses ? Compte tenu des enjeux liés à la préservation des ressources non renouvelables
comme le sol, une caractérisation ponctuelle ne semble-t-elle pas limitée ? Quel poids donner à la représentativité
de l’analyse ponctuelle ? Quelles sont les contaminants à enjeux (faction soluble, forme ionique, …) ? Dans ce
contexte, une approche contextualisée et plus globale serait davantage appropriée pour expliquer les résultats et
adapter une méthode de gestion adéquate. Enfin, cette prise de recul, voire ce besoin d’ouverture méthodologique
(écotoxicologie, biodisponibilité, polluants émergeants, …), sont-ils aujourd’hui possibles considérant la temporalité
des études et la forte concurrence du marché en sites et sols pollués ?
En contexte urbain, l’approche convenue ne doit-elle donc pas évoluer vers une approche globale plutôt qu’une
approche systématique, souvent plus couteuse environnementalement, socialement et économiquement, et moins
attrayante pour nos techniciens ?
Pour aller plus loin, retrouvez la présentation complète réalisée à l'occasion d'Intersol ici.